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Les Arabes ont-ils participé à l’écriture de la Bible ?

Ali S. Khedher

 

Définir la Bible

Nous abordons ici la Bible non comme un texte sacré, mais comme un recueil littéraire porteur d’une idéologie. Elle constitue, selon notre hypothèse, l’expression d’une classe sociale qui, en s’appropriant l’histoire humaine et les représentations de l’évolution de l’homme, élabore une éthique et un système de rapports sociopolitiques et économiques distincts de ceux d’autres sociétés ou groupes sociaux.

Dans ses récits, qu’ils soient simples ou élaborés, la Bible réemploie des éléments mythologiques préexistants, les réorganise dans une architecture narrative spécifique, et propose ainsi un cadre de pensée structurant l’expérience humaine selon les intérêts politico-économiques de ses auteurs. Elle vise à produire une cohérence, ou du moins une illusion de cohérence, en se présentant comme un espace symbolique où les groupes sociaux peuvent se recomposer, se fondre, ou se dissoudre dans des ensembles plus vastes. Elle affirme la supériorité de cette classe contre les pouvoirs dominants, mais aussi contre les groupes extérieurs, qualifiés de « barbares ».

Nous proposerons ici quelques éléments susceptibles d’étayer cette lecture.

 

Son historicité

L’historicité de la Bible demeure hautement problématique. De nombreuses découvertes archéologiques contredisent ses récits, qui manquent d’exactitude. Son discours repose sur une croyance en une représentation imaginaire du monde, qu’elle érige en vérité exclusive, rejetant ainsi les méthodes scientifiques de connaissance.

Ce discours ne peut être dissocié du contexte sociopolitique du Proche-Orient au moment de la rédaction des premiers textes, période marquée par la domination assyrienne, puis babylonienne, sur la Palestine. D’un point de vue scientifique, la majorité des récits historiques contenus dans la Bible relèvent de la fiction ; d’autres ne sont que des fragments de mémoires plurielles, recomposées à partir de textes égypto-mésopotamiens et d’événements contemporains à leur rédaction. À cela s’ajoute une imagination fertile, avide de merveilleux, qui distingue le monde primitif du monde mental que les auteurs cherchent à construire. Ces écrits se sont enrichis au fil des siècles, selon des logiques de recomposition idéologique.

 

Les auteurs de la Bible

Les auteurs de la Bible ne sont pas des figures isolées ni mystiques, ils représentent plusieurs clans issus d’une même classe sociale. Ils sont, pour l’essentiel, des Égyptiens, des Cananéens, des Araméens et des Judéens, groupes qui, à des degrés divers, participèrent à la structuration politique, religieuse et économique du Proche-Orient ancien. Ces auteurs ne sont pas les témoins directs des événements qu’ils relatent, mais les héritiers d’une mémoire recomposée, transmise et réécrite selon les intérêts de leur classe. Ils ne parlent pas au nom d’un peuple homogène, mais au nom d’une aristocratie composite, formée au fil des siècles par des alliances, des déplacements, des intégrations. Leurs récits ne visent pas à restituer une vérité historique, mais à construire une légitimité, celle d’un groupe dominant, porteur d’un projet idéologique.

Historiquement, la Palestine était une terre cananéenne placée sous égide égyptienne, à l’exception de quelques périodes d’occupation assyrienne et babylonienne. Pour administrer ses vassaux et maximiser ses profits, l’autorité pharaonique participait activement à la fondation des cités. Elle envoyait régulièrement des élites, hauts fonctionnaires, militaires, grands prêtres, pour gouverner, ainsi que des paysans et des ouvriers pour s’y installer et travailler. Ces migrants étaient principalement des Égyptiens et des Sémites, ce dernier terme désignant un vaste groupe linguistique.

La migration pacifique vers l’Égypte était courante, tout comme les déplacements des Égyptiens vers leurs colonies. Il s’agissait d’une migration relativement contrôlée. Les textes archéologiques évoquent de petites vagues migratoires égyptiennes au cours des XIVe et XIIIe siècles av. J.-C., mais ils ne nient ni la poursuite de ces mouvements, ni l’arrivée de populations venues du nord, de la mer ou de la péninsule arabique vers le pays de Canaan, autrement dit, la Palestine, durant les siècles suivants.

Ces migrants se sont mêlés aux populations locales, les Cananéens, eux-mêmes composés à l’origine d’Amorites et de Phéniciens. Par la suite, des Araméens, des Philistins, des Arabes, entre autres, se sont ajoutés à cette mosaïque. Au début du Ier millénaire av. J.-C., la Palestine connut une période de prospérité, portée par la culture de l’olivier, le commerce caravanier arabe, et une gestion locale efficace sous contrôle égyptien. Cette société reproduisait, avec quelques variantes, la structure sociale de l’Égypte pharaonique[1] : une classe aristocratique, alignée sur le pouvoir égyptien, composée de groupes divers (Égyptiens, Cananéens, Araméens, etc.), concentrant l’autorité politique, religieuse et économique ; et, en contrebas, une classe inférieure, fragmentée en couches sociales dominées.

Les auteurs de la Bible appartenaient sans équivoque à cette aristocratie. Ils étaient les détenteurs du pouvoir, de la richesse, et de la parole. Ce sont eux qui ont produit le récit biblique — non pas comme témoignage universel, mais comme instrument idéologique au service de leur classe. Nous reviendrons plus en détail sur cette configuration.

 

Le récit selon la Bible

Revenons à notre question centrale, celle de l’origine des auteurs de la Bible. Il convient de rappeler que cette étude ne prétend pas épuiser tous les aspects ni tous les personnages du corpus biblique. Nous nous limiterons ici à certains épisodes du récit concernant Térah et son fils Abram, futur Abraham, figure centrale des trois religions monothéistes. Comme indiqué dans la première partie, les récits historiques de la Bible ne sont ni précis ni datables avec rigueur. L’objectivité scientifique n’était pas une préoccupation des auteurs. Les événements rapportés le sont dans une perspective idéologique, souvent plus de mille ans après leur supposée occurrence. Il est donc nécessaire de situer ces récits dans un cadre temporel plausible, selon une méthode historico-critique.

Nous estimons que le récit de Térah et Abraham s’inscrit, sur le plan narratif, dans l’espace historique de la troisième dynastie d’Ur (2112–2004 av. J.-C.), ainsi que dans les deux siècles qui suivent, soit la première moitié de la période paléo-babylonienne. C’est dans ce cadre temporel que les auteurs situent les déplacements, les alliances et les dynamiques familiales de leurs personnages. Cependant, la rédaction effective de ce récit ne remonte pas à cette époque. Elle est postérieure de plus d’un millénaire. Les études historico-critiques et les données archéologiques contemporaines situent la composition des premiers textes bibliques, notamment ceux relatifs à Abraham, dans la période postexilique babylonienne, c’est-à-dire après la chute de Jérusalem en -586 et le retour d’une partie des Judéens vers la Palestine. Cette rédaction s’étale probablement entre le VIe et le Ve siècle avant l’ère chrétienne dans un contexte de recomposition identitaire, de restructuration religieuse et de lutte pour la légitimité territoriale.

 

Le récit biblique

La Genèse rapporte que Térah, « âgé de soixante-dix ans, engendra Abram, Nachor et Harân » (Genèse 11:26). Harân, père de Loth, meurt avant son père (v.28). Sa fille Milca épouse son oncle Nachor (v.29). Quant à Abram, futur Abraham, une ambiguïté entoure son épouse Saraï (Sarah) : certains la considèrent comme sa nièce, d’autres comme sa demi-sœur. Térah quitte Ur en direction du pays de Canaan, accompagné d’Abram, de Saraï, de Loth et de leurs troupeaux. Nachor reste en Mésopotamie. Le groupe suit le cours de l’Euphrate vers le nord et s’installe à Harran (Harranu), au nord de la Syrie, à environ 1500 km d’Ur.

A Harran, Abram reçoit l’ordre divin : « Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai » (Genèse 12:1). Térah meurt à Harran à l’âge de 205 ans. Abram, Saraï et Loth poursuivent leur route vers Canaan. Ils traversent l’Euphrate et atteignent Sichem (v.6), où Dieu promet à Abram : « Je donnerai ce pays à ta postérité » (v.7). Abram y érige un autel, puis poursuit son chemin vers Bethléem, Aï (v.8), et enfin le Néguev.

Une famine les pousse à se rendre en Égypte (v.10). Avant d’y entrer, Abram demande à Saraï de se faire passer pour sa sœur : « Dis, je te prie, que tu es ma sœur, afin que je sois bien traité à cause de toi » (v.13). Le Pharaon, séduit par sa beauté, l’emmène dans sa maison et comble Abram de richesses : troupeaux, serviteurs, chameaux (v.16). Mais découvrant la vérité, il renvoie Abram et Saraï avec leurs biens (v.19–20).

De retour en Canaan, Abram et Loth possèdent d’importants troupeaux et richesses (Genèse 13:1,5). La contrée ne suffit plus à les accueillir ensemble (v.7). Une querelle entre leurs bergers les pousse à se séparer. Abram reçoit alors la promesse divine d’une descendance nombreuse et d’une terre destinée à celle-ci. Loth s’installe dans la plaine du Jourdain, près de Sodome.

 

 

L’origine des auteurs du récit

Avant d’analyse ce récit, rappelons que notre démarche repose sur deux piliers méthodologiques, la méthode historico-critique, qui consiste à rapporter chaque texte à l’époque de sa rédaction, et l’analyse matérialiste de l’histoire, fondée sur les données archéologiques disponibles. Nous chercherons à reconstituer certains contextes historiques sans recourir aux références internes du texte biblique, afin d’en éprouver la cohérence.

Le récit biblique situe ses débuts autour de 2000 av. J.-C., à Ur (ou Our) en Chaldée, en basse Mésopotamie. Or, le terme « Chaldée » est anachronique, les sources assyriennes et babyloniennes attestent l’apparition des Chaldéens seulement au Xe siècle av. J.-C. Cette incohérence ne peut être éludée par l’argument selon lequel la Bible serait un texte religieux et non historique. Car un texte censé être dicté par un dieu créateur devrait, par définition, maîtriser l’histoire de ses créatures.

Nous poursuivrons donc l’analyse sans discuter la véracité de l’existence des personnages évoqués, ni leur appropriation par les rédacteurs bibliques du VIIe-VIe siècle av. J.-C. Nous prendrons le récit tel qu’il est présenté, en le confrontant aux réalités historiques de son époque supposée. Cette tâche exige une double approche, il faut étudier, d’une part, les conditions de rédaction du texte et les messages qu’il véhicule ; d’autre part, les époques et les lieux mentionnés dans le récit.

Trois questions majeures émergent de cette lecture :

- Une question éthique : celle de l’inceste, pratiqué au sein de la famille de Térah.
- Une question historique : quelles sont les véritables causes du départ de cette famille d’Ur ?
- Une question géopolitique : pourquoi les auteurs font-ils voyager leurs personnages en Égypte, avant de les installer en Palestine ?

Avant d’aborder ces questions, notons une autre incohérence, le texte présente Térah et Abram comme des Sumériens, mais leurs noms ne correspondent ni à la tradition ni à la culture sumérienne. Le nom Térah évoque davantage les anthroponymes égyptiens ou arabes anciens, tandis qu’Abram est clairement araméen, signifiant « père de multitude » ou « père des Araméens ». Ces trois questions sont liées, et leur traitement dépend des contextes historiques évoqués. Nous les aborderons à la fois séparément et de manière croisée, selon les exigences de l’analyse.

Nous sommes donc à Ur, face à une famille citadine, riche, supposément sumérienne, qui pratique l’endogamie et l’inceste. Est-ce historiquement plausible ? Pour le vérifier, nous devons examiner la structure sociale et les rapports sociaux en pays de Sumer, notamment à Ur, entre les XXIe et XVIIIe siècles av. J.-C. Cette étude, bien que longue, est nécessaire. Elle s’appuiera sur les documents issus des fouilles archéologiques. Ur, située sur la rive de l’Euphrate, devient à cette époque la capitale de l’empire néo-sumérien, sous la troisième dynastie (2112–2004 av. J.-C.). C’est dans ce contexte que nous chercherons à identifier les premiers éléments de la pensée des auteurs bibliques, non pas dans leur contenu religieux, mais dans leur construction idéologique.

 

Le contexte sumérien : entre centralisation et stratification

Entre 2112 et 2095 av. J.-C., Ur-Nammu parvient à unifier la majorité des cités-États de Basse Mésopotamie, rétablit l’ordre, et se fait couronner roi de Sumer et d’Akkad. C’est la naissance de l’État central néo-sumérien et la fondation du système de la Cité centrale. Dès son intronisation, il entreprend la restauration des murailles, des édifices et des canaux d’irrigation. Sa conception de la royauté repose sur une responsabilité directe envers la prospérité du royaume. Le véritable souverain est le dieu tutélaire de la ville ; le roi humain n’est que son dépositaire, à la fois chef politique, militaire et grand prêtre. Cette conception du pouvoir diffère radicalement de celle pratiquée en Égypte, comme nous le verrons plus loin.

La politique d’Ur-Nammu est poursuivie par ses successeurs. Ur devient un centre commercial majeur : les navires descendant l’Euphrate y accostent dans deux ports, au nord et à l’ouest. La ville est densément construite, avec de nombreux bâtiments publics, religieux et civils. Chaque cité possède son quartier religieux ; à Ur, il est dominé par une ziggourat monumentale dédiée au dieu-lune Nanna (Sin en akkadien). La population dépasse les 30 000 habitants. Les métiers principaux sont l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, le négoce, la pêche et les transports fluviaux.

 

Le règne de Shulgi : loi, culture et administration

Le fils d’Ur-Nammu, Shulgi (2094–2047 av. J.-C.), est considéré comme un roi « intellectuel ». Son nom signifie « le jeune noble ». Il poursuit la politique de prospérité, centralise l’administration, et promulgue le plus ancien code de lois civiques connu. Gravé sur pierre et exposé publiquement, ce code vise l’uniformité juridique : protection des veuves, orphelins, pauvres et esclaves ; interdiction du renvoi arbitraire des épouses ; sanctions proportionnées aux délits, loin des mutilations du code de Hammurabi ou des lois monothéistes. Les peines consistent en compensations financières.[2]

Cependant, ces lois ne suppriment pas les barrières de caste. Pour consolider sa propre caste, Shulgi marie ses filles à des gouverneurs de cités, rompant avec la pratique égyptienne du mariage intrafamilial. Ces gouverneurs sont eux-mêmes surveillés par des commandants militaires. Sous Shulgi et son fils Amar-Sin (2046–2038 av. J.-C.), la culture et l’art prennent une place centrale. L’écriture se diffuse dans les couches populaires,[3] marquant l’essor d’une civilisation écrite.[4] L’artisanat est raffiné, l’architecture reflète la hiérarchie sociale, et les sculptures jouent un rôle symbolique et littéraire. La musique accompagne les festivités, enrichissant l’ambiance culturelle.

 

Une société stratifiée et fonctionnelle

Pendant près d’un siècle, l’empire néo-sumérien maintient paix intérieure et prospérité. La société est strictement hiérarchisée. Au sommet, le roi-prêtre (Patesi, « serviteur » en sumérien), représentant des dieux sur terre. Autour de lui, les hauts dignitaires : chefs militaires, gouverneurs, prêtres. Ces derniers, vivant dans des demeures fastueuses, n’ont aucune activité productive ; leur rôle est cultuel, privé et public. La classe moyenne : médecins, scribes, commerçants, artisans, ouvriers qualifiés. Les scribes assurent la gestion administrative. A la base : prolétaires de l’État, ouvriers des temples, esclaves (souvent étrangers ou prisonniers de guerre). Les commerçants détiennent la richesse financière, agissent comme banquiers et financent les expéditions.

La terre, théoriquement propriété du dieu de la cité, est administrée par les prêtres. En pratique, elle est partagée entre grands, moyens et petits propriétaires. Certains possèdent des esclaves ; d’autres, les plus pauvres, ne disposent que de leur force de travail.[5]

 

La chute : fragmentation et invasion

Les dernières décennies (2025–2004 av. J.-C.) sont marquées par des troubles. Les Martu ou Amorites, venus de Syrie ou des zones nomades, affaiblissent le pouvoir central. Des cités comme Larsa, Isin et Eshnunna prennent leur indépendance. Naplanum, roi amorite, gouverne Larsa ; Ishbi-Erra, chargé de défendre la région, se proclame roi de Isin. La perte des revenus fiscaux de ces cités plonge Ur dans la pénurie et la famine. En 2004 av. J.-C., les Elamites et les Susiens, venus des montagnes du Zagros, envahissent Ur. La ville est détruite : ses murs rasés, ses édifices incendiés, ses habitants massacrés.

 

Entre silence narratif et stratégie idéologique

Les auteurs de la Bible ne mentionnent aucun des événements majeurs qui ont marqué la chute d’Ur et la recomposition politique de la Mésopotamie. Pourtant, ces bouleversements, invasions, reconstructions, luttes dynastiques, pourraient constituer des raisons plausibles au départ de Térah. La question n’est donc pas celle de leur connaissance historique, mais celle de leur intention narrative. Ce silence est stratégique.

Avant de proposer une réponse, il convient d’examiner pourquoi les auteurs ont choisi le pays de Canaan comme destination pour Térah et sa famille.

L’occupation d’Ur par les Élamites fut brève. En 1998 av. J.-C., Ishbi-Erra, gouverneur d’Isin autoproclamé roi, reprend la cité, restaure ses temples et ses structures, et se proclame roi d’Ur, de Sumer et d’Akkad. Ses successeurs adoptent le nom de Dagan, dieu du blé, vénéré à Mari et Ebla. Le dernier roi de cette dynastie, Lipit-Ishtar (1934–1924), auteur d’un code de justice, est vaincu par Gungunum, roi de Larsa, probablement amorite, qui s’empare d’Ur, Suse, Lagash et peut-être Uruk.

Larsa impose une hégémonie relative sur la Basse Mésopotamie. Elle devient un centre commercial et agricole prospère, marqué par une politique de construction et un développement culturel intense. Les Amorites, dès leur arrivée, adoptent la culture suméro-akkadienne, au point de devenir indiscernables des populations locales, sauf par l’étymologie de leurs noms.

Au début du XIXe siècle av. J.-C., Babylone émerge, fondée par des Amorites vers 1894. Assimilés aux Babyloniens, ils prennent le contrôle de la ville et fondent une dynastie. Babylone rivalise avec Larsa, Uruk et Eshnunna. Sous Hammurabi (1792–1750), les Amorites achèvent la conquête de Sumer et Akkad. Babylone devient le centre politique, religieux et culturel de la Mésopotamie. La langue sumérienne est remplacée par l’akkadien, mais la culture sumérienne demeure la référence religieuse et littéraire.

Paradoxalement, le début du IIe millénaire est l’âge d’or de la littérature sumérienne.[6] Les scribes fixent par écrit les traditions orales. Sous les Amorites, se développent lexicographie, grammaire, mathématiques, médecine, jurisprudence. Hammurabi, s’inspirant des codes sumériens, rédige le premier code législatif complet de l’histoire.

 

Inceste et lignage : une stratégie de pureté

La société sumérienne, hautement civilisée, ne disparaît pas : elle est absorbée et prolongée par les Amorites. Elle ne peut être assimilée à un mode de vie primitif ou tribal. Les rapports sociaux sont structurés par un système de classes achevé. Les relations familiales sont codifiées. Or, la pratique de l’inceste, telle qu’elle apparaît dans le récit biblique, ne correspond pas à la réalité sumérienne ou akkadienne. Parmi les 20 000 tablettes retrouvées à Sumer, aucune ne mentionne l’inceste comme pratique sociale. Les spécialistes mésopotamistes n’en ont jamais signalé l’existence. Le code de Hammurabi l’interdit explicitement, l’article 154 condamne l’inceste père-fille par l’exil ; l’article 157 prévoit la peine de mort pour l’inceste mère-fils. Ces interdictions englobent aussi les sœurs et les nièces.

L’inceste, dans le récit biblique, ne relève donc pas d’une tradition mésopotamienne. Il renvoie à une autre matrice culturelle, l’Égypte pharaonique. Dans l’aristocratie égyptienne, le mariage intrafamilial est courant. Ramsès II eut des enfants avec ses filles ; les Ptolémées se marièrent entre frères et sœurs ; Cléopâtre épousa son frère à l’âge de 18 ans. Cette pratique est fréquente, voire valorisée. Elle s’inscrit dans une logique de préservation du lignage. En éliminant tout risque d’infiltration, les auteurs bibliques affirment la pureté du groupe mythique qu’ils construisent. Cette stratégie renforce la légitimité socio-économique et politique de leurs descendants. Elle acquiert une dimension sacrée lorsque les dieux égyptiens eux-mêmes se marient entre frères et sœurs : Osiris-Isis, Chou-Tefnout, Geb-Nout, Seth-Nephtys. L’inceste devient une pratique divine, donc légitime. Nous verrons plus loin comment cette pratique n’est qu’un des nombreux indices de la présence égyptienne dans les récits bibliques.

 

Le choix de Canaan : une réponse géopolitique

La troisième question concerne le choix du pays de Canaan comme terre d’installation d’Abraham. La réponse se trouve dans le contexte historique du VIIe siècle av. J.-C., époque de rédaction du récit à Jérusalem. Cette rédaction intervient dans un moment de crise : la présence égyptienne dans la région est menacée. Jérusalem, selon les tablettes de Tell el-Amarna, s’appelle Urushalimu, nom d’origine akkadienne, composé de Uru (cité) et Shalimu (dieu cananéen). En araméen, Urshalem. Ce nom ne signifie pas « ville de la paix », mais « cité du dieu Shalimu ».[7]

Au début du Ier millénaire av. J.-C., Jérusalem est une bourgade de 1000 habitants, entourée d’une vingtaine de sites pauvres et isolés, peuplés d’environ 4000 personnes. C’est un lieu d’exil, de retrait, de refuge. Il n’y a ni État ni royaume.[8]

Ce choix n’est pas anodin. Il correspond à une stratégie narrative : faire d’un lieu marginal le centre d’un récit fondateur. Ce déplacement géographique reflète un déplacement idéologique, de l’Égypte vers Canaan, de l’aristocratie vers le peuple élu, du pouvoir impérial vers la légitimité divine.

 

Le royaume de Samarie : genèse politique et recomposition sociale

Au nord de la Cisjordanie, la situation diffère sensiblement. La stèle du pharaon Mérenptah évoque sa victoire sur plusieurs populations cananéennes, parmi lesquelles figure une région nommée Isra. L’archéologue Flinders Petrie attribua aux habitants de cette région le nom d’« Israélites », en liant le toponyme à leur divinité tutélaire, El (le premier dieu cananéen, le père des dieux et des hommes). Il ne s’agit donc ni d’un État, ni d’une ville, ni d’une identité ethnique constituée, mais d’un groupe de pasteurs semi-nomades cananéens, sans urbanité.

À partir de 1200 av. J.-C., ce groupe amorce une sédentarisation. Le travail de la terre se développe, les villages se multiplient. Vers 1000 av. J.-C., la région d’Isra compte environ 40 000 habitants répartis sur 230 sites. Bien arrosée et située sur les grandes voies de communication, elle connaît une certaine prospérité et ressent le besoin d’une organisation sociale.

 

La campagne de Shéshonq Ier et la fin des cités cananéennes

À la fin du Xe siècle av. J.-C., le système des cités-États cananéennes s’effondre sous les coups de la campagne militaire de Shéshonq Ier. L’inscription triomphale du temple de Karnak mentionne la destruction d’environ 150 villes et villages, dont certains situés à Isra.[9] Après son retrait, Shéshonq laisse derrière lui des garnisons, notamment dans les villes littorales et les grands centres de l’intérieur. Il y installe un pouvoir égyptien composé de prêtres et de fonctionnaires chargés de la collecte des impôts, une pratique déjà ancienne.

Ce vide politique, causé par la disparition des cités cananéennes, constitue le premier facteur externe de la naissance du royaume de Samarie, au début du IXe siècle av. J.-C. Ce royaume, dont le nom vient de sa capitale fondée par le roi Omri, ne porte pas encore le nom d’« Israélite ». Les Égyptiens, deuxième facteur externe, favorisent son émergence, ils ont besoin d’un rempart contre l’Assyrie. Le royaume naît donc sous égide égyptienne, et reproduit, avec des nuances, le système politique égyptien, adapté à la diversité des populations locales, cananéennes, phéniciennes, araméennes.

Une structure sociale composite, la société samarienne se divise en deux groupes :

Une classe aristocratique, composée de clans d’origines diverses (cananéenne, araméenne, israélite, égyptienne, phénicienne). Elle comprend le roi et sa famille, les hauts fonctionnaires, chefs militaires, grands prêtres, prophètes (fonction institutionnelle, comme en Égypte), et grands propriétaires terriens. Un groupe inférieur, constitué d’agriculteurs, d’éleveurs, d’artisans et d’ouvriers. Contrairement à l’Égypte, il n’existe pas de classe d’esclaves. Le commerce est contrôlé par les Arabes, les Phéniciens et l’État, ce qui explique la rapide ascension financière du royaume.

Les aristocrates résident en ville et possèdent une richesse considérable,[10] tandis que les autres couches vivent en milieu rural, accentuant le clivage social. La classe dominante est elle-même divisée selon des critères ethniques et religieux, certains clans étant alignés sur le pouvoir égyptien. L’unité du royaume est donc le produit de facteurs externes.

Sous la dynastie des Omri, le royaume se dote d’une administration régionale, d’une armée professionnelle, de voies de communication, et de palais dans les principales villes (Megiddo, Jezréel, Samarie). Il développe une politique économique et diplomatique active. La culture de l’olivier et de la vigne prospère. Le roi Achab épouse la princesse phénicienne Jésabel ; le dieu Baal devient central. Des alliances commerciales sont conclues avec les Phéniciens, Araméens, Arabes et Égyptiens. La route de l’encens traverse le royaume, reliant les caravanes arabes aux comptoirs méditerranéens. L’Égypte, ayant sécurisé ses frontières, profite du commerce arabe via Gaza, Ashdod et d’autres villes sous son contrôle.

 

La menace assyrienne et la chute

Pour les Assyriens, cette alliance régionale constitue une menace. Ils décident d’imposer leur contrôle sur la Cisjordanie et les villes littorales. En 722 av. J.-C., sous le règne de Sargon II (722–705), la Samarie entre en coalition avec les Égyptiens, Araméens et Arabes. La guerre éclate. Sargon remporte la bataille de Qarqar, s’empare de Gaza, malgré la protection égyptienne, et déporte une partie de la population samarienne vers la Mésopotamie. Il poursuit sa campagne jusqu’à Chypre, imposant tribut aux princes de l’île. Quelques années plus tard, l’Égypte pousse Ashdod à la révolte. Sargon revient et impose sa domination. Samarie est annexée à l’Assyrie ; la bourgade d’Urushalimu (Jérusalem) subit le même sort.

Les annales de Sargon II précisent :

« Les habitants de Samarie, qui tombèrent d'accord et qui complotèrent avec un roi ennemi parce qu'ils ne voulaient plus supporter le joug de la servitude et verser le tribut à Assur… j'ai dénombré 27 280 personnes… j'ai déporté les autres au milieu de l'Assyrie… j'y ai installé des populations de pays conquis par mes soins. »[11]

 

L’écriture comme arme idéologique : naissance d’un mythe fondateur

La destruction du royaume de Samarie, la déportation partielle de sa population vers la Mésopotamie, le repeuplement des territoires conquis par des colons étrangers, et l’afflux massif de réfugiés à Urshalem bouleversent profondément l’équilibre socio-économique, politique et culturel de la région. Ces réfugiés apportent avec eux leurs dieux, parmi lesquels Elohim, qui ne sont pas ceux des indigènes. La classe aristocratique dirigeante, grande perdante de l’occupation assyrienne, se réfugie dans des centres sans intérêt stratégique, principalement à Urshalem. Des paysans, ouvriers et artisans suivent les traditions sociales de Samarie et des cités littorales, s’installant dans les campagnes environnantes. Parallèlement, les caravanes commerciales arabes commencent à traverser la région, bouleversant la structure sociale et économique, et impulsant une nouvelle dynamique de croissance.

Un processus d’intégration s’amorce. Une nouvelle aristocratie, composée d’indigènes et de nouveaux arrivants, se forme. Avec elle, un nouveau système politique et religieux émerge. La fonction de prophète, héritée d’Égypte et de Samarie, s’ajoute à celle du roi, le souverain devient roi-prophète. L’Égypte, menacée par l’Assyrie et ayant perdu son contrôle sur les villes littorales et Samarie, soutient cette nouvelle classe dirigeante dans la création d’un royaume. Cette politique d’intervention pharaonique n’est pas nouvelle. Elle remonte à des temps anciens, comme en témoignent les tablettes de Tell el-Amarna. Les rois araméens et cananéens y expriment leur fidélité et leur admiration envers les Pharaons, qui soutiennent la création d’États indigènes alignés sur leur système. Ces États servent de remparts contre l’Assyrie et les royaumes du nord.

 

Le monothéisme comme stratégie d’unification

Les facteurs internes de fondation d’un nouveau royaume sont réunis : unité politique et religieuse des groupes aristocratiques. Ces derniers décident de fusionner leurs conceptions religieuses en une religion exclusive, choisissant un seul dieu, YHWH, et écartant les autres (Elohim, El, Baal…). Le monothéisme d’Akhenaton trouve ici un écho. Ce consensus, déjà présent dans les coalitions anti-assyriennes, se renforce. Pour éviter que les Assyriens ne s’emparent de ce dieu unique, un concept nouveau voit le jour : celui d’un dieu invisible, sans représentation matérielle. Le nom devient sacré, se substituant à l’image. Ce monothéisme invisible naît dans ce contexte de recomposition. Il marque le début de la lutte de la nouvelle aristocratie contre l’Assyrie, sous la direction d’un roi-prophète, en collaboration avec l’Égypte.

 

L’écriture comme arme de guerre

Cette lutte évolue et, au VIIe siècle av. J.-C., se dote d’une nouvelle arme : l’écriture. Celle-ci devient le support de récits destinés à manipuler et à unifier les populations. Par la création d’un dieu unique et invisible, et par l’affirmation d’une appartenance ethnique exclusive, l’écriture vise à produire une cohérence, ou une illusion de cohérence, entre des groupes antagonistes. Elle légitime la classe dominante et sa revendication d’indépendance. Cette stratégie exige la collecte des expériences culturelles de toutes les populations concernées, et une organisation sociale avancée.

Mais pourquoi l’écriture ? Parce que le Ier millénaire av. J.-C. voit la réapparition de l’écriture monumentale et littéraire. La découverte des peuples et des coutumes engendre un mouvement d’investigation et de réflexion. La bibliothèque d’Assurbanipal à Ninive contient plus de 30 000 textes. Entre 800 et 750 av. J.-C., Homère compose l’Iliade et l’Odyssée, manifestant la pensée grecque. L’écriture devient un instrument de conscientisation et de propagande. Écrire, c’est magnifier la classe sociale de l’auteur, affirmer son originalité et sa suprématie.[12]

 

La Bible s’inscrit dans ce mouvement littéraire du Proche-Orient.

L’archéologie contemporaine situe la rédaction des premiers livres bibliques au VIIe siècle av. J.-C. Ces textes ne s’appelaient pas encore « Bible », ce nom leur sera donné plus tard par les Grecs. Une question demeure, quel nom leur donnait-on auparavant ? Nous laissons le lecteur méditer.

 

Le choix de Canaan : enracinement stratégique

Revenons à la question du choix de Canaan pour y installer Abraham et créer le mythe d’un royaume. Les auteurs situent le début du voyage vers la « terre promise » plus de mille ans avant leur époque, celle de la rédaction. Ce choix est stratégique, il enracine historiquement leur présence en tant que classe dominante, et celle des strates sociales qui la soutiennent, sur cette terre. Le mythe ainsi créé perdure. Il légitime la présence d’étrangers venus de partout, se réclamant de ces textes pour justifier leur domination actuelle sur cette terre.

 

Conclusion : l’écriture, le pouvoir, et la responsabilité des intellectuels

Durant la seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C., l’Égypte parvient à reprendre la Palestine. Peu après, sous le règne de Josias (639–609), le royaume des Yëhûdim (en araméen Yahoudaie) accède brièvement à l’indépendance. Mais Nabuchodonosor, roi de Babylone (604–562), écrase ce royaume et ses alliés, Araméens et Arabes, s’empare de Yahudu/Urshalem (future Jérusalem), déporte les Yëhûdim à trois reprises vers Babylone, et détruit leur temple. Juda cesse d’exister politiquement, il est intégré à l’Empire néo-babylonien.

Les auteurs de la Bible appartiennent à plusieurs groupes sociaux antagonistes, unifiés temporairement contre l’Assyrie. Ces groupes défendent des intérêts contradictoires, perceptibles dans les récits bibliques, les relations avec l’Égypte varient selon les textes, oscillant entre critique et admiration. Cette ambivalence reflète les rapports de force internes à la classe dirigeante, ou un consensus tacite permettant à chaque groupe de rédiger selon ses intérêts.

Ainsi, chaque auteur défend ses valeurs politiques, religieuses et économiques, qui ne sont pas nécessairement celles de ses alliés. L’inceste, par exemple, est toléré dans certains textes, interdit dans d’autres. Le système politique et religieux du royaume israélite, pro-égyptien, est critiqué pour avoir permis l’enrichissement excessif de l’aristocratie au détriment des pauvres.

 

Deux grands groupes se dessinent :

Le premier, égyptien ou égypto-indigène, culturellement lié au pays des Pharaons, collabore à la rédaction des premiers textes bibliques, dont le caractère archaïque témoigne de cette influence.

Le second, composé de Cananéens, Araméens et Phéniciens, rejette l’idée d’un État vassal et revendique l’indépendance. Ce groupe, déjà actif à l’époque des cités-États, s’est opposé à l’Égypte, parfois violemment réprimé (comme sous Shéshonq Ier). Les textes bibliques, notamment l’Exode, expriment clairement cette opposition.

Les auteurs bibliques représentent les diverses populations présentes à cette époque, Égyptiens, Cananéens, Phéniciens, Israélites, Judéens, Araméens, et peut-être Arabes. Ils sont les composantes de la classe aristocratique. Comme le souligne Georges Roux, ces peuples partagent une histoire commune et un dialecte sémitique (à l’exception de certains Égyptiens).

Ces hypothèses, de plus en plus confirmées, relativisent les conflits dits « religieux » ou idéologiques. Elles révèlent les véritables enjeux : pouvoir, richesse, domination. La Bible apparaît comme le produit d’une alliance de « seigneurs » de la guerre, cherchant à exister entre deux superpuissances, l’Égypte et la Mésopotamie. Cette alliance engendrera trois grandes religions, une multitude de sectes, et servira de prétexte à d’innombrables conflits, tous marqués par les mêmes ambitions et les mêmes manipulations.

Le culte d’un dieu unique et invisible naît peut-être des impératifs stratégiques, vaincre l’ennemi, physiquement et moralement. L’écriture devient alors un instrument de propagande politique. Elle magnifie la classe sociale de l’auteur, affirme sa légitimité, et construit une mémoire idéologique.

En conclusion, une question demeure, quelle est la responsabilité des intellectuels ? Quelle est leur capacité à résister au pouvoir, à refuser l’adhésion servile, à organiser une pensée libre, au commencement, maintenant, et toujours, pour les siècles des siècles.

Bruxelles 2003.

 

 

[1]  La société pharaonique est composée selon une hiérarchie stricte de deux groupes antagonistes, chaque groupe englobe plusieurs classes. Le 1er groupe est celui qui détient tous les pouvoirs et la richesse, on trouve au sommet le Pharaon et sa famille, suivi par les hauts fonctionnaires et les prêtres ; le 2ème groupe est celui des Scribes, des Artisans, des Marchands, des Paysans et à la fin celui des Ouvriers. Les esclaves, selon l’archéologue Christiane Desroches Noblecourt, n’existaient pas en Egypte.

[2]  Geoges Roux, Ancient Iraq, éd. Allen and Unwin, London, 10 éd. 1985, P.155

[3] J.N. Postgate, Early Mesopotamia, Society and Economy at the dawn of history, London, Routledge 1995, p. 69

[4] Amiet, Introduction à l’histoire de l’art de l’antiquité orientale, école du Louvre, éd. Desclée De Brouwer, 1979, p. 63 et suivantes.

[5] voir Georges Roux, déjà cité, PP163-165

[6] Voir plus de détail à ce sujet : Pierre Amiet, Introduction à l’histoire de l’art de l’antiquité orientale, école du Louvre, éd. Desclée De Brouwer, 1979, p. 71 et suivants

[7] Il s’agit du dieu Salem qui fut adoré par diverses tribus cananéennes. Pour les traditions bibliques, pourtant, Shalimu est présenté comme une ville ( Salem)  et non pas comme le nom d’un dieu.

[8]  La stèle araméenne de Tel Dan érigée au début du 8ème s. av. JC, par le fils de Hazael, roi d’Aram-Damas, et qui a été trouvé en plusieurs morceaux et avec des parties manquantes, mentionne la victoire des Araméens sur Jorem, roi d’Israël et sur Achazia. Ce dernier est mentionné dans la partie où il manque un mot (son titre). Certains ont remplacé le mot manquant par le mot araméen MLK, puis ce mot est interprété par Roi, ainsi la phrase devient, Roi de la maison de David. Par contre, le mot araméen MLK , même si nous l’acceptons, peut être traduit aussi par « Chef » (Chef de la maison de David), ou responsable, ou propriétaire (Propriétaire de la maison de David) et même en arabe Cheikh (Cheikh de la maison ou de la tribu de david). D’ailleurs, comment est-il  possible d’appeler une petite localité de cette taille, habitée par un si petit nombre, un royaume ?

[9] Finkelstein I. et Silberman N., La Bible dévoilée, p. 249, éd. Gallimard folio, 2001.

[10] Idem. p. 321 et suivantes

[11] Idem, p 329-330.

[12] Pour plus de détail à ce sujet : voir Paul A., Et l’homme créa la Bible, éd. Bayard, Paris, 1997

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